Techno(pas)logique

Allez premier article. Je me lance sur une anecdote récente (oui oui j'ai une vie passionante!) qui prend place sur un petit parking de zone commerciale près de mon boulot.
  Parti pour acheter mon cancer, j'écoute tranquillement les infos dans ma voiture en stationnement. Apparait de nul part un homme. La cinquantaine passée, chauve, assez imposant, un Bertrand Blier "King Size" se tient à quelques mètres de mon véhicule et vocifère dans ma direction. Je le regarde quelques instants, commençant à me demander ce que j'ai encore bien pû peaufiner comme connerie. Je le fixe. Il ne lâche pas mon regard et le ton semble monter. Je baisse le son de la radio pour entendre ce qu'il me dit.

  Il n'a vraiment pas l'air jouasse le monsieur. Pas sûr de ma victoire en cas de bagarre mais persuadé de mon innocence, j'ouvre la portière et pose un pied dehors en lui lançant mon regard qui tue. Le bougre ne lâche pas l'affaire. Il continue à gueuler comme un porc qu'on égorge se tenant bien droit face à moi, sans que je puisse comprendre un traître mot de ce qu'il raconte. Allez y en a marre, je vais quand même pas me laisser emmerder ce soir. Je sors, claque la portière, regarde mon agresseur et fais un pas en avant. Je vois son visage qui reprend forme humaine, j'entends sa voix qui ralentit. Ah tu fais moins le malin Culbuto hein?! Impressioné par la bête! Je fais un pas de plus, puis un signe de tête interrogateur. Son visage est carrément décomposé. Bertrand semble aterrir d'une autre planète tellement il semble déconcerté. Un point pour Bibi!

  Allez maintenant t'avance, tu lui tapotes sur le torse avec l'index en lui disant que la prochaine fois ça se passera pas comme ça, tu pars sereinement au saloon en cognant les portes battantes pour acheter tes tiges et t'envoyer un bon tord-boyaux. Le temps ralentit. Le monsieur sort doucement sa main de sa poche, déplie son doigt, et tapote son pavillon auditif. Dans la pénombre, j'entrevois une petite oreillette bluetooth. Sûrement une dispute conjugale au téléphone. Echange de regards gênés. Je pars doucement prendre mes cigarettes. Dans le bureau de tabac, le patron fait écouter à ses poireaux une chanson paillarde qui dit que Ségolène aime le cul, aime le cul, aime le curé du village. On parle des effets néfastes de la technologie. Si il y en a un qui est pire que les autres, c'est bien de mettre les gens dans l'embarras.